Comme une évidence, 60 après, Jacques Cordier « revient » à Trouville-sur-Mer, par le biais de l’exposition « Jacques Cordier, de Trouville à Saint-Tropez : héritage et contraste ». Le jeune prodige, disparu prématurément avait un lien unique, voire intime avec la Reine des Plages. Dans les années 60, il y exposa ses œuvres normandes lors de biennales. Mais surtout, en 1966, Jacques Cordier et Simone, sa jeune épouse, vinrent en voyage de noces à Trouville-sur-Mer !
Par Marie-Isabelle Pinet-Netter, Commissaire
Cette exposition-événement est l’occasion de présenter un corpus d’œuvres inédites, initié lors du voyage de noces du peintre en 1966 avec Simone Duckstein, célèbre propriétaire de l’hôtel La Ponche à Saint Tropez et permet de rappeler comment ce peintre figuratif parisien adopta la lumière du Var, dans la lignée des artistes postimpressionnistes notamment.
Ami de Sagan, Bardot et de Dunoyer de Segonzac – entre autres – Jacques Cordier fut collectionné dans tout l’Europe et internationalement avant qu’un accident tragique ne mette fin à ses jours et, un terme brutal à sa carrière en 1975, cela ayant pour conséquence un relatif oubli de son œuvre.
Le fonds de dotation Jacques Cordier, présidé par Simone Duckstein, s’emploie depuis quelques années à faire revivre ce peintre talentueux et sincère à qui l’énergie et la passion de son art avaient offert la notoriété dès sa jeunesse . Après une rétrospective à la villa Masséna à Nice en 2022 -projet qui attira 17 000 visiteurs- l’exposition de la Villa Montebello a pour but de révéler un nouvel aspect de la création de l’artiste au travers des vues de Normandie et du nord de l’Europe, influencée par les impressionnistes et notamment Eugène Boudin. A l’heure où la France célèbre le cent cinquantenaire de la naissance de l’impressionnisme, notre exposition met à l’honneur un peintre qui s’est formé avec cet héritage et dont les tableaux des années 1960 présentent de frappantes analogies tant dans la technique que dans les sujet choisis.
Ce voyage sur les plages du nord nous permet de découvrir sa recherche du « gris parfait » que jacques Cordier ne trouvait pas en Méditerranée et d’accéder à une part très personnelle et sensible de sa création qui n’a jamais été exposée jusqu’à ce jour.
En 1966, Jacques Cordier connaît déjà une renommée importante. La presse parisienne comme celle du Var se font l’échos de ses succès aux Salons et dans les galeries parisiennes et tropéziennes. Preuve de son intérêt pour les côtes normandes et sa volonté de se faire connaitre également dans la région qui a vu naître l impressionniste, il expose à 4 reprises en 1964,1966, 1968 et 197 à la Biennale de peinture figurative de Trouville.
Nous avons retrouvé certaines des œuvres que l’artiste a exposées lors de ces Biennales, elles sont présentées à Trouville comme témoignage de la dynamique de la peinture figurative d’après-guerre.
L’exposition s’articule autour de plusieurs thématiques : les villégiatures, chères à Eugène Boudin et dont on peut admirer les interprétations par Jacques Cordier.
Les ports et paysages industriels que l’artiste a côtoyés en remontant les côtes européennes de La Rochelle à Anvers en passant par Boulogne.
Cet ensemble, présenté en face de certaines des plus belles vues réalisées dans les années 1960 dans le Var donne la mesure des qualités de coloriste du peintre et sa volonté de justesse dans le rendu des atmosphères qu’elles soient balnéaires ou portuaires.
La fin de l‘exposition présentera des œuvres sur papier témoignant de ses premières compositions quand il se formait au professorat de dessin à Paris et avant sa découverte de la lumière de la Méditerranée
Ces encres de Chine et aquarelles sur papier, permettent de comprendre la trajectoire empruntée par son inspiration et l’évolution rapide de son art au cours d’une décennie (1958-1970)
Au travers de cette exposition, nous avons tenté de faire ressortir une personnalité et une individualité qui classe ce peintre figuratif à part dans sa génération. Et par la même occasion, mettre en avant un peintre figuratif de l’après-guerre, mouvement peu étudié à ce jour.
Jacques Cordier (1937–1975)
De Trouville à Saint-Tropez : héritage et contraste
du 19 octobre 2024 au 5 janvier 2025.
Les Vidéos
© Marie-Isabelle Pinet-Netter
© Henry-Jean Servat – reproduction et diffusion interdites.
La Presse
Hôtel de Ville – 164 boulevard Fernand Moureaux – 14360 Trouville-sur-Mer – 02 31 14 41 41 – contact@trouvillesurmer.fr
Ouverture : Lundi, mercredi & vendredi : 9h-12h | 13h30-17h • Mardi & jeudi : 9h30-12h | 13h30-17h