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Les coups de cœur de Laurence
Paris Match : 70 ans – 1949-2019
Nul besoin d’être fan du célèbre magazine au fameux slogan « le poids des mots, le choc des photos », pour plonger dans ce beau livre au format XXL ! Il liste et répertorie, telle une revue de presse géante, les événements majeurs des 70 dernières années : actualité, géopolitique, faits divers, sport, show-biz, mode et gotha…
Un beau livre à feuilleter, pendant la lecture duquel plus d’un dira « ah oui c’est vrai, il s’était passé ça cette année-là ! »
La fabuleuse histoire de Guirec et Monique
Guirec Soudée
Guirec, jeune navigateur breton de 24 ans, parcourt les océans, et raconte dans un carnet de bord joyeusement illustré et documenté sa vie à bord, en compagnie, de Monique. Ce qui rend ce périple original et unique, c’est que Monique est… une poule !
Embarquez avec Guirec et Monique pour un voyage maritime peuplé d’aventures, de joies, de peurs, de doutes, de rencontres humaines profondément touchantes.
L’exploit accompli par ce jeune homme est aussi l’occasion d’un hymne à la protection des océans et de la planète en général.
Corée du Nord
Stéphane Gladieu
Impossible de passer devant ce livre sans être déjà interpellé par la couverture !
Les photos stupéfiantes de Stéphan Gladieu nous plongent dans un univers jusque là inconnu : il a pu photographier dans les rues, sur leurs lieux de travail et dans des espaces de loisirs des Nord-Coréens d’aujourd’hui. Cherchant à atteindre la perfection, dans un pays totalitaire qui ne souffre ni la dissidence ni la médiocrité, l’image que chaque citoyen souhaite refléter semble tout droit sortie d’un film ou d’un roman-photo, donnant à l’ensemble une touche aussi factice qu’esthétique.
Un livre de photos fascinant qu’il est difficile de lâcher. Le petit texte à la fin de l’ouvrage explicite le projet du photographe et la façon dont il a travaillé.
In waves
AJ Dungo
Le narrateur de ce roman graphique fait s’entrecroiser sa propre histoire, son amour pour une jeune surfeuse atteinte d’un cancer incurable, et les origines du surf à Hawaï, à travers les figures de Duke Kahanamoku, surfeur génial, et Tom Blake, son digne héritier qui resta, en partie, incompris.
Les récits entremêlés se découvrent sur des aplats de couleurs des plus réussis, le bleu océan pour le récit actuel, le sépia pour le récit historique sur le surf.
L’histoire du narrateur et de la jeune Kristen est poignante, le texte comme les images nous emportent et nous bousculent au gré des vagues de l’océan.
Nul besoin d’être amateur de surf pour plonger dans ce récit bouleversant, maîtrisé, et qui habite longtemps le lecteur. Une réussite.
Un si joli crime
Christopher Bollen
Clay, jeune Noir américain désargenté, hérite d’un palazio de l’homme qu’il a accompagné jusqu’à son décès de maladie. Nick, jeune américain travaillant pour un antiquaire, le rejoint à Venise pour mettre au point une belle arnaque dont la victime, ennemi juré de Clay, est toute trouvée.
Embarquez pour Venise dans ce roman au charme ténébreux. On y suit avec délice le stratagème mis sur pied par ce jeune couple, et on s’attache tant à eux que les frissons d’angoisse sont garantis, dès lors qu’ils sont en danger et risquent de se laisser dépasser par leur arnaque. Arriveront-ils à leurs fins ?
Un roman délicieux à l’atmosphère unique, doté d’une intrigue prenante jusqu’à la dernière page.
L’été de Katya
Trevanian
Dans le Pays Basque, au début du XXème siècle, un jeune médecin s’éprend d’une jeune femme qu’il a connue en soignant le frère jumeau de celle-ci, après une chute de vélo. Pénétrant peu à peu l’intimité de cette étrange famille, les jumeaux et leur père, intellectuel lunaire et décalé, le jeune homme cherche à percer le secret que semble receler ce trio qui vit quasiment en autarcie, loin de tout voisinage.
L’atmosphère étrange capte l’attention du lecteur dès le début, on sent bien que le mystère va s’épaissir et le suspens monter crescendo. Quant à l’écriture, élégante, ciselée, elle donne à la narration un côté très victorien assez délicieux.
La femme à la fenêtre
A.J. Finn
Recluse dans sa maison new-yorkaise, coupée du monde, alcoolique et droguée aux anxiolytiques, Anna, psychologue sur internet, passe une partie de son temps à observer ses voisins d’en face. Quand elle pense être témoin d’un meurtre, elle appelle la police, mais personne ne la croit. Faut-il chercher à convaincre les autorités ou mener sa propre enquête, au péril de son fragile mental ?
Le « thriller domestique » est en vogue en ce moment, et le genre est pour l’instant plutôt porté par de bons titres. Celui-ci est, de mon point de vue, au-dessus du lot, avec une ambiance très prenante, des personnages attachants, plusieurs « twists » dans le récit, un suspens haletant, et une intrigue qui tient vraiment la route. Un page-turner que vous ne lâcherez pas !
Long Island
Christopher Bollen
A Orient, bourgade tout au bout de Long Island, tout le monde se connait. Mais tout le monde ne s’apprécie pas… Entre les artistes new yorkais branchés et fortunés, et la population locale, les tensions sont fréquentes et la méfiance permanente.
Alors, quand un jeune homme un peu paumé est recueilli par Paul en vue de petits travaux dans sa maison, tous les regards se tournent vers cet inconnu, son arrivée étant concomitante à plusieurs morts suspectes …Long Island est un roman riche, sans temps mort, avec une formidable galerie de personnages. Réflexion sur les liens familiaux, les enjeux environnementaux, l’art contemporain, l’intrigue ne manque pas de rebondissements et de matière pour explorer tous ces sujets, dans le microcosme de ce bout de terre perdu au bord de l’océan, mais à quelques encablures de la trépidante ville de New York.
Embarquez pour Orient, Long Island, vous ne le regretterez pas !
Les deux vies de Baudoin
Fabien Toulmé
Une BD sur la complicité de deux frères, quand le destin frappe à la porte…
Baudouin, trentenaire célibataire, vivote dans un quotidien étriqué et monotone, encore dans l’ombre d’un père autoritaire qui lui préfère son frère. Ce dernier, Luc, extraverti et aventurier, s’est accompli dans ses missions de médecin en Afrique au sein d’une communauté chaleureuse et décontractée. Quand Baudouin apprend qu’il a un cancer incurable, il se confie à Luc, qui met tout en oeuvre pour qu’enfin, ce petit frère vive sa vie et s’accomplisse, savourant chaque jour comme si c’était le dernier.
Une très jolie chronique familiale, une réflexion douce-amère sur ce que la vie réserve à chacun, le tout servi par un graphisme tendre dépeignant des personnages attachants. Et, en tout dernier, un twist final très fort.
Le bureau des jardins et des étangs
Didier Decoin
Didier Decoin a mis 12 ans à écrire ce roman, qui est une incroyable plongée dans le Japon médiéval. On y suit le parcours, quasi initiatique, de la jeune Miyuki. Devenue brutalement veuve, elle décide de remplacer son mari qui était fournisseur officiel de carpes extraordinaires pour les jardins de l’Empereur. Sur une route semée d’embûches, elle se surpassera pour arriver jusqu’au palais, devant affronter les éléments, mais aussi des humains, traîtres, cruels ou pleins de dédain …
Ce qui frappe dans le récit, c’est combien les sens du lecteur sont mis en éveil, comme s’il plongeait lui aussi dans la rivière, sentait la vase sous ses pieds, respirait des parfums inédits… Un roman extrêmement foisonnant et riche sur cette période de l’histoire du Japon. Ce texte sensuel et olfactif ravira les lecteurs en quête d’un vrai dépaysement.
La vérité et autres mensonges
Sascha Arango
Est-on rattrapé un jour ou l’autre par ses mensonges ? C’est ce que Henry Hayden, à l’origine d’une imposture littéraire, va devoir expérimenter … Car le secret qu’il partage avec sa femme Martha, c’est qu’il n’est pas l’écrivain de best-sellers qui ont fait de lui un auteur renommé et une vraie vedette, c’est en fait son épouse, qui a toujours préféré rester dans l’ombre. Mais quand sa maîtresse, qui est aussi son éditrice, lui annonce qu’elle est enceinte de lui, c’est un sacré grain de sable qui vient enrayer toute cette belle machine…
Hayden prend alors une décision radicale. Mais rien ne se passe comme prévu.
La force de ce polar réside en plusieurs points : Un protagoniste mythomane, cynique, franchement odieux, que vous ne pourrez jamais détester. Un suspens et des rebondissements qui tiennent véritablement en haleine. Une galerie de personnages secondaires savoureux : le poissonnier Serbe, le copain d’enfance en quête de vengeance, ou même la martre qui hante le grenier de la maison d’Henry, et contre laquelle il doit engager une lutte sans merci.Cette histoire, tout à fait immorale, n’est pas dénuée d’humour, ce qui en fait un vrai plaisir de lecture.
Ce livre a remporté le Prix Le Point du polar européen 2015.
Un homme cruel
Gilles Jacob
Qui se souvient de Sessue Hayakawa, le premier acteur japonais à Hollywood ? Pourtant, au temps du cinéma muet, il fut une star aussi connue que Rudolph Valentino ou Charlie Chaplin, il côtoya les plus grands, fit chavirer les cœurs, et devint richissime, se faisant même construire un extravagant château en Californie.
Gilles Jacob narre ici ce destin hors du commun, en y ajoutant le piquant du roman, mais en nous permettant de découvrir, dans une lecture très plaisante, le parcours véridique et à peine croyable de cet homme, star adulée, puis comédien sur le déclin, soutenant la Résistance dans le Paris des années 40, et à la fin de sa vie, de retour au Japon, moine bouddhiste coupé du monde. A découvrir !
La gloire d’Inès
Philippe Delaroche
Inès est morte à 21 ans, dans l’incendie d’un immeuble parisien. 7 ans plus tard, son père revient dans ce récit poignant sur le destin cruellement interrompu d’Inès, destin pourtant si plein de promesse. Alternant tendresse, humour, désespoir, l’auteur convoque les grands écrivains ayant connu la même tragédie – perdre un enfant. Il trouve ainsi, dans la littérature du deuil, matière à sa propre méditation. C’est un superbe « tombeau de papier » que l’auteur voit plutôt comme « une conversation que la mort d’Inès n’a pas interrompue ».
Ce qu’il faut de terre à l’homme
Martin Veyron
Adaptée d’une nouvelle de Léon Tolstoï, cette BD sur la cupidité de l’homme est une vraie réussite. Le découpage des vignettes, le style graphique, reflètent à merveille l’ambiance rustique paysanne dans la Russie des Tsars. Cette fable cruelle nous emporte, avec son malheureux protagoniste, dans une course avide à posséder toujours plus, dont on suppose ici qu’elle pourrait bien mal se terminer. Martin Veyron capte toute la vanité de l’homme grâce à ses dessins figurant l’immensité des forêts de Sibérie et la steppe mongole, dans cette fable philosophique. La chute de ce conte moral, qui donne tout son sens au titre, est aussi cruelle que jubilatoire.
Petit pays
Gaël Faye
Gabriel vit à Bujumbura, au Burundi, avec ses parents et sa soeur. Bientôt, l’ombre d’une séparation du couple plane sur le bonheur familial, qui vole en éclats. Mais une seconde ombre, bien plus terrible encore, se profile, avec les premiers heurts entre Hutus et Tutsi, qui, de l’autre côté de la frontière, mèneront au génocide rwandais.
Gaël Faye écrit un roman d’une beauté saisissante, dont le thème principal est tout simplement le paradis perdu, l’insouciance à jamais envolée quand on quitte le pays de l’enfance pour entrer dans l’âge adulte. Un texte d’une grande poésie, qui a obtenu le Goncourt des Lycéens 2016
Madeleine Project
Clara Beaudoux
Une plongée délicate et émouvante dans les vestiges d’une vie ordinaire, une « petite madeleine ». En achetant un appartement parisien, l’auteure franchit un jour le seuil de la cave, brisant le cadenas qui retient les souvenirs de toute une vie, celle de Madeleine, précédente habitante du logement.
Avec respect et passion, Clara Beaudoux exhume les souvenirs de toute une vie, photos, objets, lettres … et décide de les faire partager sur son compte Twitter. Touchant au singulier comme à l’universel, on traverse une histoire simple, mais aussi la marche du temps, jusque dans les tourments du XXème siècle. Menant ses recherches comme une enquête policière, Clara Beaudoux offre une magnifique entreprise de conservation du souvenir de Madeleine, « une formule magique qui convoque la vie comme un coquillage le bruit de l’océan ».
Un livre singulier (l’impression respecte la forme de Twitter par des captures d’écran) tout à fait bouleversant.
Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ?
Roz Chast
La couverture n’est pas irrémédiablement attirante ? L’histoire qu’elle raconte non plus ! Ne vous laissez pas rebuter, ce roman graphique est un chef-d’œuvre du genre !
Cette new-yorkaise, illustratrice de métier, narre sans tabou, et en passant par une gamme impressionnante des sentiments, agacement, compassion, dégout, découragement, inquiétude, sens du devoir, le grand âge de ses parents, et leur fin de vie. Une expérience de vie à la fois unique et tristement banale.
C’est émouvant, absurde, irrésistiblement drôle, et surtout, terriblement humain.
Le traitement graphique du sujet, alternance de pages de planches de BD, pleines pages de dessin, pages d’écriture, et même quelques pages de photos, particulièrement émouvantes par ce qu’elle font ressortir d’un passé révolu, est une réussite. Les relations complexes qu’elle a entretenues avec ses parents tout au long de sa vie (mère acariâtre et hyper dominatrice, père angoissé et soumis) transparaissent finement au fil du récit.Une sensation étrange et inédite peut attendre le lecteur, une fois la dernière page tournée : le rire se mêle aux larmes, on en ressort en ayant très souvent ri, et totalement bouleversé.
Intérieur nuit
Marisha Pessl
Cordova est un mythe. Réalisateur de films d’horreur, personnage mystérieux et fantasmé, il vit nimbé de mystère et fascine depuis toujours le journaliste Scott McGrath. A tel point que celui-ci, alors qu’il s’est déjà brûlé les ailes au contact de Cordova, reprend l’enquête quand la fille du réalisateur met fin à ses jours dans des circonstances suspectes.
Attention, si vous choisissez de plonger dans ce roman, prévoyez des congés, des nuits blanches, et laissez les lumières allumées. Vous entrez dans un univers vertigineux fait de légendes, de péripéties, de magie noire, dans lequel l’improbable trio de protagonistes, aussi déjantés qu’attachants avancera à l’aveuglette, comme le lecteur.
Un roman palpitant, d’une grande force narrative, à l’écriture savoureuse et aux dialogues percutants. Du grand art romanesque !
Montecristo
Martin Suter
Jonas Brand est reporter vidéo spécialisé en « people ». Un jour, suite à un étonnant concours de circonstances, il se retrouve en possession de deux billets de banque portant le même numéro de série, et vraisemblablement authentiques l’un comme l’autre. Simultanément, il se retrouve témoin indirect du suicide, c’est du moins l’hypothèse, d’un jeune trader tombé d’un train …
Comme dans chacun de ses romans, Martin Suter happe d’emblée le lecteur avec une situation insolite, et un suspens haletant qui va crescendo. Nul besoin de maîtriser les arcanes de la finance pour plonger dans ce formidable thriller, qui non seulement nous donne le plaisir d’un véritable « page-turner », mais nous interroge aussi sur le pouvoir du milieu bancaire, dans ce qu’il peut avoir de moins honorable, dans le monde politique et économique d’aujourd’hui.
Le nageur
Roma Tearne
Ria vit seule, dans sa maison du Suffolk, depuis que son compagnon l’a quittée. Un soir, elle découvre un jeune homme nageant dans la rivière qui longe son jardin. Il est sri-lankais et sans-papiers, et la relation qu’ils entament, entre amour improbable et tragédie, va faire voler en éclats ses repères, et bouleverser tout son univers familial et social.
Un roman vibrant sur l’exil et le déracinement, la quête des origines, les secrets de famille… à la manière d’un véritable « page-turner ».
L’arabe du futur
Riad Sattouf
Riad Sattouf nous plonge dans le récit de son enfance, avec un père syrien et une mère bretonne. Découverte, fascination mais aussi déconvenue du Moyen-Orient, où le premier mot qu’il apprend de la bouche de ses petits camarades musulmans est « Juif »… Heureusement, l’auteur sait toujours instiller humour et tendresse dans son récit, notamment grâce à son graphisme, qui rend certains personnages très attachants, et certaines situations poétiques ou burlesques…
Un regard vif et sans concession sur l’enfance de l’auteur en Lybie, puis en Syrie, à l’époque de la toute puissance et des grandes heures des dictateurs…
Dernier désir
Olivier Bordacarre
Installée dans une maison d’éclusier loin de toute agitation urbaine, une gentille famille voit arriver un nouveau voisin. Celui-ci, d’abord prévenant et sympathique, devient progressivement bien singulier et envahissant, laissant sourdre une menace sur ce couple et leur fils qui n’aspiraient qu’au calme et à l’isolement…
Formidable réquisitoire contre le consumérisme, en même temps que redoutable suspense, ce roman cruel et prenant se dévore jusqu’à la dernière page, qui clôt superbement le récit. Une écriture subtile et précise, qui fait mouche à chaque page.
Les coups de cœur de Marie
Huit leçons sur l’Afrique
Alain Mabanckou
Il s’agit de leçons qu’a donné Alain Mabanckou au Collège de France sur l’histoire littéraire et intellectuelle de l’Afrique. C’est intelligent mais aussi très enrichissant pour toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au continent noir sans le connaître réellement. C’est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre les concepts de francophonie, de négritude et pour revisiter notre histoire coloniale mais d’une manière apaisée comme le fait l’auteur.
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même manière
Jean-Paul Dubois
Nous retrouvons, comme toujours chez Jean-Paul Dubois, des personnages très touchants car pétris d’humanité, dans des situations tragi-comiques. L’humour est vif et sa vision du monde actuel est tellement sensible et juste. Un bel écrivain mais aussi un homme révolté contre toutes les injustices.
A lire également de Jean-Paul Dubois : La succession et Le cas Sneijder
Le monde d’hier
Stefan Zweig
C’est la description de la culture et de la vie autrichienne avant 1914 avec un sentiment de liberté et de « sécurité » qui sera remis en cause et disparaîtra avec les 2 guerres mondiales. Stefan Zweig décrit la fin d’un monde avec une grande acuité et l’avènement de la barbarie qui poussera l’auteur à s’exiler d’abord en Angleterre puis au Brésil où il se suicidera. Cela nous ramène à la fragilité de notre monde et des combats qui ne sont jamais gagnés.
Le loup
Jean-Marc Rochette
La BD de Jean-Marc Rochette retrace le combat entre la bête et l’homme, un véritable duel entre le loup et le berger sur plusieurs saisons dans le Massif des Ecrins (Hautes-Alpes). La tension monte au fur et à mesure des pages, le dessin sobre de l’auteur et le peu de dialogues laissent la part belle à la montagne, sa majesté, sa dureté. Très bel album!
Summer – Eden
Monica Sabolo
Une belle découverte que cette écrivain italienne, élevée en Suisse et qui vit en France. L’écriture est fluide et très imagée. L’auteur est une bonne observatrice, particulièrement sensible dans la description des sentiments des adolescents face à la violence du monde contemporain.
Dans « Summer », nous sommes face à une famille genevoise , un couple avec deux adolescents, évoluant dans un milieu riche où tout semble leur réussir jusqu’au jour où Summer, la fille aînée, disparaît. Cette disparition va dévaster le frère cadet, Benjamin – mais va le pousser à trouver des réponses tout le vernis de cette famille vivant pour les conventions va se fissurer et craquer de toutes parts. Le chemin sera long pour Benjamin mais, au bout, il pourra enfin se reconstruire.
Dans « Eden », nous sommes sur un territoire amérindien, sans plus de précision, où la forêt est détruite implaccablement par les buldozers. Tout comme les esprits de la forêtCohabitation difficile entre les blancs, la communauté amérindienne et les ouvriers de l’entreprise de déboisement. Nous sommes dans l’Amérique profonde et les adolescents doivent trouver leur propre chemin et devenir maîtres de leur destin malgré la violence et les injustices d’une société d’une incroyable sauvagerie.
Nos richesses
Kaouther Adimi
C’est toute une époque que fait revivre l’auteur à travers l’histoire de la librairie d’Edmond Charlot – également éditeur – à Alger où l’on côtoyait Camus, Gide, le poète Jean Sénac, Mohammed Dib. Un lieu d’effervescence intellectuelle et artistique dans cette Algérie des années 50 traversée par les soubresauts de l’Histoire
L’exil vaut le voyage
Dany Laferrière
Merveilleux voyage auquel Dany Laferrière nous invite tant physique qu’intellectuel grâce à son écriture fluide, claire et colorée mais aussi au dessins de l’écrivain qui enrichissent l’ensemble. On voyage, Haïti, terre natale de l’auteur, Québec, Montréal, terre d’exil mais aussi New York, Buenos aires et tant d’autres territoires toujours au prisme de la vie intellectuelle et de celle des écrivains, artistes peintres ou photographe.
Continuer
Laurent Mauvignier
Il y a bien sûr l’intrigue policière qui se passe sur les îles Solovki, en mer Blanche, avec son monastère – devenu sous Staline l’un des plus sinistres goulags de l’ère soviétique – son climat extrême et ses personnages pour la plupart bien « trempés »; intrigue sous la forme d’une enquête journalistique de plus en plus sourde et menaçante au fil des pages menée par un journaliste italien « raté ». Mais il y a aussi un portrait intéressant de la société italienne contemporaine doublé de réflexions sans concession sur la génération de trentenaires plutôt perdue.
True detective – saison 1
Cary Fukunaga
Excellente saison tant au niveau de la réalisation, parfaitement maîtrisée, que du scénario très dense et bluffant de vérité, mais surtout en raison des personnages. Deux inspecteurs que tout semble séparé : Rust (Matthew McConaughey) le solitaire , d’une présence hallucinée avec ses discours frôlant le mysticisme et Martin (Woody Harrelson), le prosaïque, plutôt « flic à l’ancienne », tout aussi remarquable. Sous des dehors a priori banals, leur complexité est très bien rendue grâce, en particulier, aux dialogues tout simplement géniaux. L’intrigue – une série de meurtres sordides se déroulant sur près de 20 ans, un serial killer aux rituels occultes – mêle croyances et superstitions de la Louisiane où le vaudou suinte de chaque parcelle de cette terre au climat tropical avec sa luxuriance débordante. Tout comme la musique du générique « Far from any road » interprétée par Handsome family, balade folk mélancolique qui nous colle à la peau. Envoûtant !
Solovki
Claudio Gunta
Il y a bien sûr l’intrigue policière qui se passe sur les îles Solovki, en mer Blanche, avec son monastère – devenu sous Staline l’un des plus sinistres goulags de l’ère soviétique – son climat extrême et ses personnages pour la plupart bien « trempés »; intrigue sous la forme d’une enquête journalistique de plus en plus sourde et menaçante au fil des pages menée par un journaliste italien « raté ». Mais il y a aussi un portrait intéressant de la société italienne contemporaine doublé de réflexions sans concession sur la génération de trentenaires plutôt perdue.
Tel père, tel fils
Hirozaku Kore-eda
Ce très beau film japonais qui a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes en 2013, nous questionne sur les liens du sang et les liens de l’amour : deux bébés sont échangés à la maternité et sont élevés durant leurs six premières années par leurs parents adoptifs – apparemment que tout sépare – jusqu’au jour où …
Le jeu des interprètes, tout en finesse, retranscrit de manière très juste cet ébranlement intérieur qui va amener chacun a dépassé ses contradictions.
Pour l’amour des livres
Michel Le Bris
Un merveilleux hommage rendu aux livres, ceux qui ont façonné la vie de Michel Le Bris, qui l’ont fait éditeur et écrivain sans oublier la création du festival Etonnants voyageurs.
La lecture de ces pages est enthousiasmante et très stimulante au regard d’une époque intellectuelle riche et foisonnante.
La tour de l’oie
Erri de Luca
Erri De Luca, un soir, se met à parler à voix haute au fils qu’il n’a pas eu. C’est l’occasion d’une introspection sur lui-même, ses engagements et les évènements qui ont marqué sa vie. Comme toujours avec Erri de Luca, c’est sensible et intelligent.
Caché dans la maison des fous
Didier Daeninckx
Un roman passionnant sur l’asile de fous de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Lozère, pendant l’Occupation, à la tête duquel deux psychiatres organisent la résistance à l’embrigadement des fous et à leur négation. Conjointement, ils recueillent les résistants : Denise Glazer fuyant les lois anti-juives ainsi que Paul Eluard et sa femme Nusch.
Désobéir
Frédéric Gros
La pensée philosophique, en même temps qu’elle nous enjoint de ne jamais céder aux évidences et aux généralités, nous fait retrouver le sens de la responsabilité politique. A l’heure où les décisions des experts se présentent comme le résultat de statistiques glacées et de calculs anonymes, désobéir devient une affirmation d’humanité.
Philosopher, c’est désobéir. Ce livre en appelle à la démocratie critique et à la résistance éthique.
Le train d’Erlingen ou la métamorphose de Dieu
Boualem Sansal
Roman époustouflant qui entremêle deux histoires, l’une sur fond d’attentat islamiste du 13 novembre 2015 à Paris, l’autre sur fond de siège d’une ville en Allemagne par un ennemi qui a décidé de faire de la soumission à son dieu la loi unique de l’humanité et d’un train fantôme qui tarde à venir pour évacuer la population… et qui ne viendra pas….
Le roman est sans cesse entrecoupé de références à Kafka – « La métamorphose » – à Dino Buzzati – « Le désert des Tartares »- mais surtout à Henry David Thoreau -« Walden ou la vie dans les bois » – pour une écologie de la vie salutaire face à la propension des humains à se soumettre docilement et si facilement. A mettre entre toutes les mains et à découvrir, du même auteur, « Le village de l’allemand ou le journal des frères Schiller » (2008) et « 2084 : la fin du monde » (2015).
Requiem pour le rêve américain
Noam Chomsky
Une essai tout à fait abordable et tellement lucide sur le modèle économique américain, depuis la fin de l’esclavage jusqu’à l’ère Trump avec un constat terrifiant : la fin de la mobilité sociale, la concentration de la richesse et du pouvoir aux mains d’une infime minorité dont la devise est « Tout pour nous, rien pour les autres ». Une devise qui concerne aujourd’hui toute la planète…
Noam Chomski , face aux inégalités de plus en plus criantes, appel au réveil de la majorité. C’est dans les actes les plus quotidiens de tous les anonymes de la planète que nous pourrons redevenir « maîtres » de notre avenir.